Le bon goût des pesticides

Les pesticides auraient-ils un goût ? Peut-on les repérer à l’aveugle dans un verre de vin ? Peut-on apprendre à les reconnaître pour mieux les boycotter ? C’est ce que révèlent Gilles-Éric Séralini et Jérôme Douzelet dans leur ouvrage Le Goût des pesticides dans le vin.

Question 1 : Quelle est la plante cultivée la plus traitée au monde ? (question envoyée par Roger Souaffe de Lamotte-Beuvron)

Question 2 : Quel produit disponible légalement à la consommation contient en moyenne 300 plus de traces de pesticides que le maximum autorisée dans l’eau potable ? (question envoyée par Anne, Justine et Corinne Titgoutte de Milizac)

Tic, tac, tic, tac… vous y êtes ?

Voici les réponses, dans l’ordre.

Réponse 1 : le raisin ! Le vin ça rapporte plus que les patates, on est prêt à tout pour en produire plus…

Réponse 2 : le vin ! Et ce n’est qu’une moyenne, le record français mesuré à ce jour par l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir est de 3300 fois supérieur à la limite de pesticides autorisée dans l’eau potable. L’heureux gagnant étant un graves blanc.

Ça n’est pas un scoop, le vin est aux pesticides ce que le triple concentré de tomates est au fruit rouge. Jardiniers et agriculteurs futurs-nostalgiques du Roundup, plus d’inquiétude, quand vous n’aurez plus de glyphosate, vous pourrez oublier votre peine dans la bouteille : un verre pour vous, un verre pour vos plants de courgettes !

Si vous n’avez pas de détecteur de pesticides sous la main ? Vous pouvez vous en remettre à votre homoncule, votre maître des sens. Lui sait que le folpet, le glypho et leurs amis,a priori, ça accompagne plutôt bien un cancer ou une maladie respiratoire, mais moins le gigot-haricots.

De cette conférence, organisée par le sulfureux professeur Séralini (étude OGM, Monsanto, procès, etc.) mon homoncule m’a rapporté ses impressions. Bon pour la faire courte : les powerpoints étaient moches, la rigueur scientifique un peu complaisante, le bonhomme et son acolyte (le chef Douzelet) pas plus sympathiques que ça, mais l’expérience était intéressante. L’idée était quand même de frapper à la porte de nos consciences et de nos sens pour nous mettre le nez dans nos assiettes et dans nos verres. Et aussi de déboulonner un peu plus les pesticides et leurs fabricants, qui sont pour l’instant les grands gagnants toutes compétitions de l’enfumage scientifique (c’est toujours mon homoncule qui parle, il porte l’entière responsabilité de ses propos).

Les arômes plaisants aussi ont une utilité, car ils font saliver : saliver, c’est la première action détoxifiante du corps, qui prépare et facilite la digestion.

Séralini et son pote sont partis d’une grande dégustation de vins californiens sont partis d’une grande dégustation de vins californiens : conclusion, les vins bios arrivaient plus souvent en tête de classement. Sachant que lesdits vins bios ne contiennent presque pas de pesticides (hélas oui, on en trouve quand même un peu de temps en temps, par accident), les goûteurs se sont dit : Les pesticides nuiraient-ils au goût ? Ont-ils même un goût, qu’on ne connaisse pas, de part notre entraînement à reconnaître seulement là le cuir, ici la myrtille écrasée, ou encore le beurre frais ?

Quand on sait qu’il y a entre 120 à 1020 ppb (partie par milliard) d’arôme de sotolon dans les vins du Jura, arôme naturel qui leur donne ce goût si reconnaissable, et qu’on retrouve parfois des quantités aussi importantes des pesticides folpet ou boscalide dans une bouteille de vin non bio, pourquoi ne pourrait-on pas imaginer les ressentir également au goût ?

J’admets, dit mon homonculus, ça sent un peu le sophisme, mais l’idée est attrayante.

Bref, les deux compères mènent depuis 2014 une expérience sur 250 pesticides identifiées dans le vin. Ils organisent régulièrement des « dégustations » où ils font goûter à l’aveugle à dix personnes de l’assemblée deux verres de vin, issus du même cépage, même année, même terroir ; un bio et l’autre non ; puis trois verres d’eau dont un ou deux contiennent un dosage de pesticides plus ou moins équivalent à ce qui a été trouvé dans le vin conventionnel.

Les testeurs doivent d’abord dire quel vin ils préfèrent puis quels sont les verres d’eau avec pesticides. Le jour de ma conférence, c’était un cocktail de  550 ppb de fenhexamide, pyrimethanil, 320 de folpet, et environ 10 ppb de glyphosate qui était proposé. Jusqu’ici, 77 % des dégustateurs ont préféré les vins bios, mais l’expérience continue (193 tests menés à ce jour).

Et alors, ça a quel goût un pesticide ? Selon les testeurs et les organisateurs, il s’agit plutôt de sensations à reconnaître : le pyrimethanil serait assez neutre en goût, le fenhexamide aurait plutôt l’arôme de vieille barbe de fumeur tandis que d’autres ont un arôme parfois doux, sucré comme l’arôme du Coca-Cola ou de la fraise tagada. Certains provoqueraient des sensations physiques : étourdissement au niveau des tempes et barre au front rapide pour le folpet, assèchement au fond de la bouche, picotement en bout de langue ou chaleur au fond de la bouche pour d’autres.

Donc – dis-je – à part s’envoyer des litres et des litres de vins shootés au désherbant pour apprendre à les reconnaître, on a d’autres options ? Oui – répond mon homoncule  on peut s’enfiler des litres et des litres de vin bio, biodynamique, nature ; lire le bouquin de Séralini qui détaille en fin d’ouvrage les caractéristiques de onze pesticides (à percevoir au nez et en bouche) parmi les plus répandus dans les vins. Au pire du pire, on se met à l’eau de robinet. Alors, vous buvez quoi ce soir ?

POUR APPROFONDIR

Les auteurs expliquent comment les pesticides influent sur le goût du vin et montrent qu’il est possible d’éduquer ses papilles afin de déceler leur présence.

 

 

 

 

 

 

Compte-rendu du contrôle effectué par l’Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire qui a poussé ma collègue maraîchère, Muriel Desclée, à cesser toute activité.

 

Muriel Desclée                                                               

 

 

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« C’est par un bel après-midi de septembre que deux personnes (un homme et une femme) débarquent inopinément chez moi. Ils nous (j’étais avec mon frère) présentent leurs badges de l’AFSCA (Agence Fédéral pour la Sécurité de la Chaine Alimentaire).
Je suis étonnée, car nous sommes déjà contrôlés par Certisys…
Pour moi, l’AFSCA, c’était des contrôleurs des restaurants, afin d’éviter qu’on nous fasse manger du rat (à la place d’un canard) et une surveillance accrue de l’hygiène dans les cuisines.
Mais que vient-elle faire chez moi, alors que je ne transforme en rien de ce que Dame Nature nous apporte ?
Ce n’est que plus tard, que j’apprends, qu’effectivement, l’Afsca a le droit de débarquer, même chez moi…

Bref, je fais ma « docile de bonne humeur » et réponds à leurs questions.
Cela a duré +ou- 4 heures !…

Dans la serre :

Afsca : « Vous avez le plan de la serre ? »

Moi : « Oui, mais l’invasion des limaces qui ont bouffé tous mes plants d’extérieurs a fait que j’ai du tout remodifier ! C’est comme ça que ma serre ressemble + à une jungle qu’autre chose ! »

Afsca : « Vous avez des fraises des bois, là ? »

Moi : « oui ! »

Afsca : « Vous n’avez pas le droit de les vendre… Ni aucun autre petit fruit. »

Moi : « Ah bon ? Pourquoi ? »

Afsca : « Vous n’avez pas de documents de leurs traçabilités »

Moi (amusée/énervée) : « Bon, bin, je vais dans la forêt lui demander ce papier ! Je reviens ! »

Afsca : « C’est comme pour vos PDT, oignons, échalotes,… + plants à repiquer, pour l’année prochaine, demandez à Semailles le passeport phytosanitaire »

On fait le tour de mes champs extérieurs, mais vu que tout a été bouffé, ça n’a pas duré très longtemps. Mais je devais quand même leur fournir aussi, le plan prévu pour l’extérieur.

Dans mon magasin (en bois) :

Il y avait sur une table, quelques kilos de tomates variées, des poivrons, des courges,…
Toutes les autres étaient vides, et pour cause : très mauvaise année.
Sur mon comptoir : des bouteilles de jus de pomme d’un ami.

Afsca : « Pour la vente d’autres produits que les vôtres, vous aller recevoir un document comme quoi vous êtes autorisée à les vendre, tant que vos partenaires, sont aussi contrôlés par l’Afsca. »
« Vous vendez vos légumes ailleurs qu’ici ? »

Moi : « Oui. Au magasin Bioooh, sur la N4, à Erpent »

Afsca : « Vous ne pouvez pas vendre vos tomates Catégorie 1, mais Catégorie 2 »

Moi : « Heu… une raison à cela ? »

Afsca : « Elles ne sont pas conformes : ni rouges, ni bien rondes »

Moi : « C’est une blague ? Comment faire quand on a cette chance d’avoir des milliers de variétés ?! J’ai de merveilleuses tomates en forme de poire jaune ! »

Afsca : « Pour tous les produits de traitement (pesticides, etc…), il faut une armoire qui ferme à clef ! »

Moi : « Je n’utilise AUCUN produit… »

Afsca : « Nous n’avons rien contre le Round-up ou autre produit, même bio, c’est notre devoir de vous le signaler »
« Vous devez aussi nous contacter, chaque fois que vous planter des salades dans votre serre. »

Moi (avec un grand éclat de rire !!) : « Quoi ?!?! Mais j’en plante toutes les semaines ! Je dois vous appeler toutes les semaines, c’est ça ?!?! »

Afsca : « Heu… C’est vrai que là… Bon bin, prévenez-nous ou indiquez dans votre journal quand vous commencez vos plantations de salades, tomates etc… et indiquez la date du début et la fin des récoltes, et si vous avez plusieurs serres : les numéroter, pour pouvoir indiquer de quelle serre proviennent vos légumes. »

Les « festivités » se terminent en me remettant 15 pages (comme un bulletin scolaire) où je lis en bas de page : « A l’expiration des délais ci-dessus (dont un est : immédiatement), il sera procédé à une ou plusieurs visites de contrôle. J’attire votre attention sur le fait que ces visites constituent des prestations soumises au paiement d’une rétribution conformément aux dispositions… blablabla… En outre, si ces contrôles devaient constater que vous n’avez pas mis fin aux effractions précitées, un procès verbal serait établi à votre charge et notifié au commissaire chargé de proposer le paiement d’une amende administrative. Le Procureur du Roi en sera également informé »

Avant de partir, ils me disent : « Vous savez, on fait ça pour votre bien… Une autre section viendra vérifier votre magasin pour voir si il est dans les normes »

Ils me remettent leurs cartes de visite et au dos, je lis : « Notre mission est de veiller à la sécurité de la chaîne alimentaire et à la qualité de nos aliments, afin de protéger la santé des hommes, des animaux et des plantes »

Petite parenthèse : Quand on pense qu’un représentant de Monsanto (Dr Robert Fraley) a récemment (octobre 2013) reçu un prix Nobel de l’alimentation et de l’agriculture, on constate, une fois de plus que notre monde est habité par de nombreux scandales…

Quelques semaines plus tard, avec mon père, nous décidons d’envoyer une lettre comme quoi nous cessons toute activité de ventes de légumes bio, chez Certisys et l’Afsca.

Nous ne tolérons pas d’être « fliqués » à ce point et encore moins de payer un seul centime à un système qui va à l’encontre du Vivant… »

Muriel Desclée, le 15 décembre 2013

Et depuis ce « viol », mon frère est tombé en grave dépression. J’ai retiré toutes nos pancartes « légumes BIO » placées depuis 4 ans…
La rage d’être dans ce flot de « moutons » : ce qui est le réel problème, c’est l’obéissance civile…